lundi 24 février 2014

Dallas Buyers Club


Dans la course aux Oscars 2014, Dallas Buyers Club fait figure de challenger très crédible avec ses 6 nominations (dont Meilleur Film). Mais c'est sans doute dans les catégories "Meilleur acteur" et "Meilleur acteur dans un second rôle" que ses chances sont les plus solides. Et ce ne sont que 2 raisons parmi d'autres qui devraient vous pousser à aller voir ce film.

Quand Ron Woodroof apprend en 1986 qu'il est atteint du VIH, les médecins lui donnent 1 mois à vivre. Il décide de recourir à des traitements alternatifs et va les diffuser à d'autres malades du Sida, même si c'est illégal.

Les américains se régalent de ces scenario estampillés "histoire vraie". C'est pourtant à un réalisateur canadien que le projet est confié après presque 20 ans dans les tiroirs. C'est Jean-Marc Vallée, réalisateur du très bon C.R.A.Z.Y qui est derrière la caméra et qui parvient à raconter cette histoire sans mélodrame et sans pathos.

Pas gagné puisque le fond du récit est profondément triste: les personnages principaux sont malades et condamnés, l'industrie pharmaceutique est vicieuse et même les médecins sont perdus face à cette maladie que personne ne comprend vraiment au milieu des années 80.
Vallée décide de se concentrer sur ses personnages et c'est un pari gagnant. L'histoire n'est pas larmoyante puisqu'ils ont choisi de vivre, elle n'est pas dramatique puisqu'ils rient d'eux-mêmes, elle ne s'apitoie sur personne puisqu'ils ne le font pas.

La maladie a un curieux effet sur Woodroof: elle va transformer le cow-boy bouseux et homophobe en un homme engagé et altruiste. Il paraît paradoxalement plus en paix avec lui-même lorsque la maladie est déclarée. On assiste à cette transformation sans forcément ressentir de grande sympathie pour le bonhomme mais en admirant sa capacité à changer son énergie vers un but positif.

Matthew McConaughey a produit en partie le film et lui a donné beaucoup. au-delà de la performance physique (notamment une impressionnante perte de poids), il incarne littéralement Woodroof. Il donne à cet homme qui refuse de mourir son dynamisme et sa compassion: le résultant est impressionnant. Après Mud, Killer Joe et Magic Mike, on va croire que McConaughey ne peut jouer que des texans au stetson vissé sur le crâne. Mais il parvient à chaque fois à donner une nouvelle nuance à ces personnages.

A ses côtés, Jared Leto (Requiem for a dream, Lord of War) que l'on avait pas vu à l'écran depuis 5 ans, est tout simplement méconnaissable. Il joue Rayon, travesti malade et optimiste, gai et tragique, toxico au grand coeur. Sidérant.

On pourra reprocher à Dallas Buyers Club un côté leçon de morale: le méchant homophobe change finalement pour devenir le Robin des Bois des gays séropositifs. 
Vallée filme avec sobriété mais sans ennuyer: le rythme est suffisamment soutenu pour nous emporter et ne nous laisse pas le temps de verser une larme.

Deux grandes performances d'acteur pour un récit subtil parlant de rédemption sans grands sentiments.

La petite anecdote:
La petite anecdote sera - contrairement à Dallas Buyers Club - plutôt triste.
Selon l'OMS en 2012, 1.6 million de personnes sont mortes du SIDA, 35.3 millions de personnes vivent avec le virus et seulement 9.7 millions d'entre eux ont accès aux traitements.

Infos pratiques:
Dallas Buyers Club
sorti le 29 janvier 2014 en France
réalisateur: Jean-Marc Vallée
avec: Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19537471&cfilm=137097.html 

1 commentaire:

  1. J'ai personnellement eu le temps de verser une larme quand même (ou tenté très fort d'en retenir une ou deux en inclinant la tête à gauche...puis à droite). Un film incarné, porté par des acteurs excellents, aux registres différents. Un vrai point fort de Jean Marc Vallée, qui sait rendre ses personnages vivants, indispensables, inoubliables.

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