mardi 22 septembre 2015

Dheepan


Après les deux grosses claques Un Prophète et De Rouille et d'Os, Audiard revient avec Dheepan qui s'inspire des "Lettres Persanes" de Montesquieu. 

Pour s'échapper de la guerre civile au Sri Lanka, un homme, une femme et une petite fille endossent une fausse identité et arrivent en France.

Palme d'Or du dernier Festival de Cannes, Dheepan a été une surprise. L'accueil sur la Croisette ayant été plutôt mitigé, rien ne laissait entendre qu'Audiard repartirai avec la récompense suprême.

Parlant d'immigration, de réfugiés qui fuient un pays en guerre et un avenir inexistant, Dheepan résonne forcément de façon particulière aujourd'hui. Mais plus que d'immigration, c'est d'intégration que parle le film. Les personnages sont catapultés dans une nouvelle réalité qu'ils tentent d'apprivoiser. Chacun avec leurs moyens, leurs enjeux et leurs caractères, ces trois personnes s'adaptent. Autant de choses les rapprochent (leur culture, leur langue, leur secret) qu'elles les séparent (leurs passés, leur humour, leur capacité d'apprentissage).

Audiard nous immerge dans cette tentative de foyer. Tourné quasiment intégralement en langue tamoul, Dheepan emmène loin de nos repères. Plusieurs scènes relèvent d'ailleurs davantage du rêve ou du fantasme que du réel.
Mais la réalité brute et la violence rattrapent Dheepan, dans cette banlieue française rongée par les trafics et les affrontements entre gangs.
Sans en dire trop, l'épilogue du film fait débat. Je l'ai trouvé sorti du chapeau mais pas dénué de sens.

J'avais beaucoup apprécié Un Prophète et De Rouille et d'Os et j'ai retrouvé ici un film dans lequel les personnes se réparent les unes les autres. J'ai cependant eu plus de mal à accrocher, à trembler. Une certaine distance s'installe, comme si le film se cherchait, hésitait. 

La mise en scène est pourtant magistrale avec certains effets visuels splendides (la scène d'arrivée en France, les escaliers de la cité).
Les acteurs, pour la plupart non professionnels, s'en sortent haut la main. Audiard filme magnifiquement l'intime et comment les personnages s'apprivoisent.

Loin d'être un drame pleurnichard, loin d'être donneur de leçon de sociologie, Dheepan parle de gens qui cherchent une deuxième chance et des étapes qu'ils doivent traverser pour y avoir droit.

Dheepan m'a tenue à distance mais reste une filme maîtrisé visuellement et qui aborde artistiquement un sujet ancré dans l'actualité.

La petite anecdote
L'acteur principal Jesuthasan Antonythasan a combattu en tant qu'enfant soldat pendant 3 ans auprès des Tigres tamouls.

Note
3.5/5

Infos pratiques
Dheepan
sorti le 26 août 2015 en France
réalisateur: Jacques Audiard
avec: Jesuthasan Antonythasan, Kalieaswari Srinivasan

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire