vendredi 6 juin 2014

The Rover


J'avais beaucoup aimé Animal Kingdom (2011) du réalisateur australien David Michôd. La présentation à Cannes (hors compétition) de son nouveau film The Rover laissait présager le meilleur.

Suite à une crise économique dévastatrice, l'Australie est un désert où règne la loi du plus fort. Quand on lui vole sa voiture, Eric part à la poursuite du gang avec une détermination implacable.

Animal Kingdom nous plongeait au cœur d'une famille de criminels à Melbourne et faisait penser à Scorcese. The Rover ne change pas de pays mais de décor puisque c'est dans le désert australien qu'on nous promène  pendant 1h45. Un désert qui fait forcément penser à Mad Max mais la comparaison s'arrête vite.

The Rover est un film dans lequel la violence est un mode d'expression: dans un pays qui a perdu toute justice et ordre moral, le pire refait surface et c'est celui qui dégaine le plus vite qui s'en sort. La réussite de Michôd et de faire comprendre cette violence au spectateur. On n'est pas dans le spectacle et le sang qui gicle comme chez Tarantino. L'environnement est tellement rude et désespéré que les personnages sont voués à être violents pour survivre.

Par certains aspects, The Rover est un western: il en respecte de nombreux codes, des lumières solaires aux personnages solitaires et filmés de dos. 
Michôd plante son décor puis nous raconte une histoire plutôt simple (un autre code du western) et économise les dialogues. Les informations sont distillées au spectateur au compte goutte. On doit alors imaginer ce qui anime les personnages, ce qu'ils poursuivent, ce qu'ils fuient. La gymnastique est intéressante mais elle est poussée trop loin. 
Le coté "film atmosphérique" a de bons côtés, à commencer par la beauté de la photo et des paysages filmés avec de longs plans. Le revers de la médaille est un rythme très lent. En ne nourrissant pas le spectateur d'informations, le réalisateur nous perd en cours de route.

Guy Pearce, plus mutique que jamais, incarne cet Eric dont l'obstination est longtemps incompréhensible. Il donne l'impression d'être en permanence sur le point d'exploser. Pearce accompagne brillamment l'évolution de son personnage.
La bonne surprise vient de la seconde moitié du duo car c'est Robert Pattinson (le vampire de Twilight, également vu dans le terrible Cosmospolis de Cronenberg) qui l'accompagne. En benêt qui ne mesure pas les effets secondaires de ses actes, il livre une performance étonnante.
C'est finalement le contraste entre ces deux personnages qui fait la force du film. Le choix et la direction des acteurs y étant pour beaucoup dans la construction de cet équilibre.

The Rover raconte la perte d'humanité. C'est un film brutal à la violence parfois absurde. Ce n'est pas un film à mettre entre toutes les mains mais Michôd confirme son potentiel avec sa mise en scène très maîtrisée.

La petite anecdote:
Le film a été tourné dans la chaîne des Flinders, au Nord d'Adelaïde.
Si vous voulez y faire un tour, c'est par ici

Note:
3/5

Infos pratiques:
The Rover
sorti le 4 juin 2014 en France
réalisateur: David Michôd
avec: Guy Pearce, Robert Pattinson

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