mercredi 5 octobre 2016

Juste la Fin du Monde


Le jeune réalisateur québécois, coqueluche de Cannes depuis plusieurs années, avait frappé un grand coup avec Mommy. On attendait donc son nouveau film avec beaucoup d'impatience, et forcément un peu d’appréhension.

Alors qu'il ne les a pas vu depuis 12 ans, un jeune écrivain revient passer une journée avec sa famille.

Grand Prix à Cannes en 2016, Juste la Fin du Monde poursuit la filmographie à part de Xavier Dolan. Il choisit d'adapter la pièce de JL Lagarce qui date des années 90 (il avait déjà adapté une pièce, Tom à la ferme en 2013 de Michel Marc Bouchard). Même si l'histoire n'est pas de lui, on sent poindre tous les thèmes qui lui sont chers et qu'il aime filmer.

Propre d'une adaptation de pièce, Juste la Fin du Monde est un huis clos, les scène se déroulent dans de petits espaces confinés. Dolan filme alors en (très) gros plans les visages de ses acteurs et met en place son style. Cette façon de filmer peut agacer mais elle a pour effet de nous coller au plus près des personnages.
Moins sentimental que Mommy, les émotions ont mis plus de temps à m'atteindre. Puis, d'un coup, un déclic et on est submergé.

Cette famille est dysfonctionnelle: les personnages ne parviennent pas à se parler. Pour communiquer, ils hurlent et personne ne s'entend. Quand le calme apparaît, c'est via un monologue, souvent surprenant par sa justesse. 
La famille de Louis a géré son absence, chacun à leur façon. En quelques heures, ils ont tant à lui dire et le font avec leurs maladresses.

C'est grâce au personnage de Louis que le film est supportable. Il reste en retrait, en observation. Il ne parvient pas à formuler ce qu'il est venu dire et ce silence (qu'on lui reproche) face aux cris permet de mesurer l'écart qui le sépare des siens. Face à l'hystérie chorale, Louis rentre dans sa coquille.

Dolan parvient à filmer quelque chose de très particulier: la certitude qu'on voit les choses pour la dernière fois. S'installe alors de la mélancolie, de la poésie et parfois un certain réconfort.
Le travail sur la BO (Moby, Blink 182,...) nous accompagne dans cette ambiance.

L'avantage quand on est vu comme un prodige, c'est que les plus grandes stars se bousculent pour travailler avec vous. Juste la Fin du Monde est le premier film au casting 100% français du réalisateur canadien, qui doit donc se passer de l'accent si typique qui avait fait une de ses marques de fabrique.
Gaspard Ulliel est sur le fil, fragile et perdu. Marion Cotillard est dans la retenue avec un personnage bafouillant et bienveillant qui au final est sans doute la seule à comprendre ce qui se passe. Même Lea Seydoux que j'affectionne peu est ici à la hauteur.

On suffoque presque et un étrange rythme s'installe qui ralentit la pourtant courte heure trente que dure le film.
La claque est moins forte qu'avec Mommy, Dolan dit que Juste la Fin du Monde est son premier film d'homme. Il parvient à maintenir cet équilibre entre l'outrance (les cris, les tenues, les couleurs) et la précision (des regards, des mots quand ils sont énoncés calmement) qui font une de ses pattes. 

A voir pour les amateurs de cinéma qui auront a cœur de voir se construire une filmographie. 

La petite anecdote
La pièce de Lagarce avait été jouée en 2008 à La Comédie Française et avait remporté le Molière su spectacle du Théâtre Public. 

Note:
4/5 

Infos utiles:
Juste la Fin du Monde
sorti le 21 septembre 2016 en France
réalisateur: Xavier Dolan
avec: Gaspard Ulliel, Vincent Cassel, Léa Seydoux, Nathalie Baye, Marion Cotillard

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