jeudi 15 septembre 2016

Divine(s)

Avoir envie d'aller au ciné un mardi soir.
Choisir une séance un peu au hasard.
Se retrouver à assister à l'avant-première du film récompensé par la Caméra d'Or à Cannes cette année, avec l'équipe du film pour un débat après la projection.

Dounia vit dans une banlieue et elle rêve de pouvoir et d'argent. Elle décide avec sa meilleure amie de marcher dans les pas de Rebecca, une dealeuse respectée.

La réalisatrice Houda Benyamida a fait du bruit à Cannes, avec un discours fleuve et spontané au moment de recevoir son prix (à voir ici). Cette énergie débordante, on la retrouve dans Divines
Elle décrit son film comme "une rencontre entre le politique et le sacré" et là on se dit: mince, encore un film prise de tête, spécial Festival de Cannes. Mais non. Divines parle de politique, de sacré, mais Divines parle aussi d'amitié, de romantisme, de colère.

On pense à Audiard, à Kechiche pour la façon de filmer la banlieue comme un décor et pas comme un sujet.
Divines brouille les repères masculins et féminins. Tout ce qui est fin, esthétique, artistique est porté par des personnages d'hommes (notamment Djigui, joué par Kevin Mischel, épatant danseur-acteur). Alors que la violence, la rage, les coups, sont du côté des filles.

Les héroïnes renversent les codes de la bienséance: elles sont bruyantes, elles courent après l'argent comme un sésame pour une vie meilleure. Elles veulent de la "money, money, money", des ferraris, des Rolex, du bling-bling. Ce rêve matérialiste est lié à une violence verbale et physique: Dounia et Maimounia en feront brutalement l'expérience.

C'est un premier film à la fois pour la réalisatrice et pour la plupart des acteurs. On sent leur fraîcheur et leur envie de raconter cette histoire. Oulaya Amamra (qui est la soeur de Houda Benyamida) est lumineuse mais aussi Deborah Lukumuena et Jisca Kalvenda, excellentes.

Pas forcément ultra original (scènes inévitables d'échec scolaire, de confrontation avec la police), Divines est surtout très efficace. C'est un film qui fonce dans le tas, qui nous laisse étourdi et qui fait ensuite réfléchir sur des éléments plus cachés dans les recoins du film. Divines touche parce qu'on sent que toute cette énergie doit être canalisée, comme Dounia qui doit trouver un équilibre entre sa rage et ses peurs.

La petite anecdote:
La réalisatrice Houda Benyamida a créé en 2006 l'association 1000 visages (www.1000visages.fr) destinée à promouvoir la diversité dans les castings de cinéma.

Note:
4/5

Infos pratiques:
Divines
sorti le 31 août 2016 en France
réalisatrice: Houda Benyamida
avec: Oulaya Amamara, Deborah Lukumuena, Jisca Kelvenda, Kevin Mischel

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