jeudi 10 mars 2016

Room


Inspiré de faits divers sordides, le challenge était grand pour Lenny Abrahamson de ne pas tomber dans le voyeurisme déplacé.

Jack a 5 ans. Il vit seul avec sa mère. Elle lui apprend à jouer, à rire et à comprendre le monde. Sauf que leur monde est confiné aux 4 murs de la pièce dans laquelle ils sont séquestrés.

Pour éviter toute mauvaise surprise, ne regardez pas la bande-annonce qui dévoile une partie non négligeable de l'intrigue et risquerait de gâcher votre plaisir.

Ce drame maternel est tiré du roman de Emma Donoghue, qu'elle a elle-même construit en se renseignant sur plusieurs affaires de jeunes femmes séquestrées (sans pour autant en raconter une en particulier). Room est par bien des aspects un thriller psychologique. L'oppression de l'enfermement, la peur, la pénombre donnent un ton étouffant.

Avec un tel sujet, le pathos malsain guette. Mais le réalisateur parvient à insuffler la poésie dans Room, en nous mettant dans la perspective de Jack. Il n'a connu que cette pièce mais grâce à la douceur de sa mère et à la relation qu'ils créent, quelque chose de beau émerge au milieu du terrible.

Room parle de l'immensité des possibles, de ce qui se cache derrière ces murs et qu'on a du mal à imaginer. Jack a du mal à distinguer ce qui se passe dans sa télé de ce qui est réel puisqu'il n'a jamais vu autre chose. 

Le film ne s'enferme jamais et le récit rebondit régulièrement afin de nous emmener ailleurs. Cette mère s'accroche à son fils pour survivre et lui s'accroche à elle car elle est sa seule certitude. L'émotion est évidemment palpable et surgit dans les détails, principalement grâce à la candeur de Jack et à son regard sur les choses.
La 2ème partie du film est plus prévisible et d'aucuns reprocheront trop de bons sentiments. J'ai pour ma part trouvé l'évolution du récit nécessaire et assez logique.

Brie Larson, que j'avais déjà beaucoup aimé dans States of Grace habite littéralement son personnage. Bouleversante en mère courage, elle remporte assez logiquement l'Oscar de la meilleure actrice.
Jacob Tremblay, 10 ans, parvient presque à lui voler la vedette. Il est une éponge à émotions et sa simplicité va droit au but.

Passer deux heures dans Room n'est pas une expérience particulièrement agréable. Mais c'est un film sobre et juste qui parvient une combinaison rare: à la fois fort et doux.

La petite anecdote:
Le prénom Joy était très représenté lors des Oscars 2016: c'est le prénom du personnage interprété par Brie Larson dans Room mais également celui joué par Jennifer Lawrence dans.. Joy. Enfin, c'est le nom de l'une des émotions dans Vice-Versa (Oscar du meilleur film d'animation). 

Note:
4/5

Infos pratiques:
Room
sorti le 9 mars 2016 en France
réalisateur: Lenny Abrahamson
avec: Brie Larson, Jacob Tremblay

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