vendredi 4 décembre 2015

Strictly Criminal


Le cinéma américain est fasciné par la figure du gangster. Scorcese, De Palma et d'autres ont créé un panthéon des malfrats et de leurs vies démesurées. Panthéon auquel vient s'ajouter ce biopic sur la vie de Whitey Bulger.

Boston, années 70, un agent du FBI convainc le caïd irlandais James Whitey Bulger de collaborer avec les autorités en tant qu'informateur.

En adaptant le libre "Black Mass" de Dick Lehr et Gerard O'Neill, le réalisateur Scott Cooper (Les Brasiers de la Colère, Crazy Heart) concrétise un projet de producteur. Au travers de cette histoire, c'est un portrait de l'Amérique des années 80-90 qui nous est présenté.

Le personnage de Whitey Bulger est le centre de gravité de l'intrigue, la Black Mass (titre du film en VO) qui absorbe et contamine ce qu'il approche. Psychotique ultra-violent, il semble détaché des émotions et entretient une aura mystérieuse. C'est un personnage qui met mal à l'aise: contrairement aux mafieux mis en valeurs dans certains films, Bulger est tellement fou qu'il est seul, ses acolytes n'arrivant pas eux-mêmes à le suivre.

Le pouvoir de fascination qu'il exerce sur son entourage, la peur qu'il inspire sont des aspects intéressants. Je n'ai malheureusement pas adhéré, sans doute à cause du jeu extrêmement froid et mono-expressif de Johnny Depp. Celui-ci est grimé, porte une postiche et des lentilles bleues, il est à peine reconnaissable.
Mais pourquoi maquiller Johnny Depp en Christopher Walken?...


Les rumeurs d'Oscar courent pour Johnny Depp: il est vrai que les rôles "à transformation physique" sont souvent récompensés (Marion Cotillard, Charlize Theron, Matthew McConaughey...)

L'autre axe du scénario repose sur la loyauté aveugle qui relie les personnages principaux. Connelly, l'agent du FBI, a grandi avec les frères Bulger (l'un est le truand, le second est sénateur). Forcément, ces relations qui remontent à l'enfance sont complexes, entre souvenirs, services rendus, rapport de force, etc. Mais je trouve par exemple que la relation entre les deux frères n'est pas assez explicitée.
Benedict Cumberbatch (la série Sherlock Holmes, Imitation Game) gomme son accent british pour incarner le frère rangé. Outre un âge qui ne colle pas avec le personnage, il n'a pas le temps de le creuser et de nous renseigner sur ce lien fraternel.
Joel Edgerton (Gatsby le Magnifique, Animal Kingdom) s'en sort mieux mais ne brille pas.

L'atmosphère du film est étrange: Boston est désert, les fusillades se passent sans témoins... Le rythme est lent, l'intrigue s'embourbe. On se doute bien d'où tout cela va terminer mais on est à aucun moment chahuté. Même les scènes violentes sont convenues, déjà vues.

Au final Strictly Criminal nous rappelle de nombreux autres films de gangsters: Les Affranchis, Scarface, Les Infiltrés...
Il nous rappelle que cette histoire a déjà été racontée.
En (beaucoup) mieux...

La petite anecdote:
Le mot "fuck" est prononcé 254 fois au cours du film.

Note:
2/5

Infos pratiques:
Strictly Criminal
sorti le 25 novembre 2015 en France
réalisateur: Scott Cooper
avec: Johnny Depp, Joel Edgerton, Benedict Cumberbatch




1 commentaire:

  1. Très bon article sur le rapport au maquillage qu'entretient Johnny Depp: http://www.slate.fr/story/110685/strictly-criminal-johnny-depp-maquillage

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