mardi 9 avril 2013

J'ai été voir... Les Amants Passagers


La bande-annonce ne laissait pas beaucoup de place au doute: Almodovar signe une comédie, la première depuis 20 ans. Personnellement, je connais davantage ses films dramatiques (Parle avec elle, La Mauvaise Education, Volver...) mais sa réputation dans le cinéma des années 80 est celle d'un réalisateur déluré. J'étais curieuse de voir ce qu'il pouvait présenter dans ce registre.

A bord d'un avion qui a subi une avarie et qui est en attente d'une piste pour atterrir, le personnel de bord et les passagers de la classe affaire (ceux de la classe éco ont été drogués par commodité) croient vivre leurs dernières heures.

Les Amants Passagers est donc un huis-clos: une petite dizaine de personnages dans une cabine d'avion. Pour faire passer le temps, ils ont à leur disposition: de l'alcool ainsi que d'autres substances plus ou moins légales, de la musique, un téléphone, leurs appétits sexuels assez débridés et leur bagage émotionnel.

L'espace étant restreint, tout est concentré: psychodrames, parties de jambes en l'air et numéros de comédie musicale ont lieu dans quelques mètres carrés. Car Les Amants Passagers est un film fol dingue  une grande récréation pour un réalisateur qui avait sans doute besoin de souffler entre deux histoires tragiques. Almodovar ayant les moyens de montrer sa délire grandeur nature à des millions de spectateurs, pourquoi se priverait-il?...

La trame du scénario est assez simple et on comprend vite la métaphore avec la situation de crise que vit l'Espagne actuellement: l'avion tourne en rond et menacer de se crasher à tout moment.
On s'attarde donc plus sur les personnages. Pedro Almodovar aimant à s'entourer d'acteurs fétiches, Les Amants Passagers ne fait pas exception à la règle. On retrouve Javier Camara (Parle avec elle, La Mauvaise Education) en chef de cabine désopilant et désinhibé. Lola Duenas (Parle avec elle, Volver) est, elle, une passagère vierge qui a des dons de voyance... Quand à Antonio Banderas et Pénélope Cruz (qui n'avaient jamais tourné ensemble avant), ils font ici une apparition "clin d'oeil".

On est dans un registre comique kitsch et trash qui ne plaira pas à tout le monde. Le réalisateur ne fait pas dans la dentelle au niveau des allusions sexuelles: on à l'impression que tout tourne autour de ça. Cela dit certaines scènes sont vraiment drôles et bien trouvée (avec une mention spéciale aux stewards sur les Pinker Sisters).

Le problème c'est que dès que l'on sort de l'avion, on perd le rythme et le film s'essouffle. Heureusement, Les Amants Passagers ne dure qu'1h30, ce qui passe finalement assez vite. On ne s'éternise pas dans cet humour ultra-gay et ultra-sexuel qui a son charme mais qui finit par peser lourd à la longue.

Almodovar? je préfère quand il est dramatique...

La petite anecdote:
La mescaline, que les stewards mélangent aux cocktails qu'ils offrent aux passagers, est une drogue hallucinogène. Elle est d'ailleurs plutôt populaire au cinéma puisqu'il y est fait référence dans Matrix, dans Las Vegas Parano mais aussi dans A Single Man.
Jean-Paul Sartre et Henri Michaux en étaient des utilisateurs réguliers.

Infos pratiques:
Les Amants Passagers
sorti le 27 mars 2013 en France
réalisateur: Pedro Almodovar
avec: Javier Camara, Lola Duenas, Carlos Areces, Raul Argualo, Antonio Banderas, Penelope Cruz
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19476499&cfilm=212192.html 

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