mercredi 12 décembre 2012

J'ai été voir... Anna Karenine


1000 pages de littérature russe: Anna Karenine, le roman de Tolstoï est un monument qui a de quoi effrayer. Le propre des classiques étant qu'on a tous l'impression de les connaître mais qu'on s'en remet souvent aux interprétations d'autres personnes: des réalisateurs de cinéma aux auteurs de ces fameux livrets "Profils" qui nous ont sauvé la mise au lycée.

Joe Wright, réalisateur d'Atonement, d'Orgueil et Préjugés (tous deux avec Keira Knightley) mais aussi d'Hanna, est un habitué des adaptations littéraires. Il a ici réuni sa troupe habituelle (décoratrice, costumière, producteur, monteurs: tous ont déjà collaboré avec lui) ainsi que sa muse Keira Knightley et il nous livre sa vision d'Anna Karenine, une histoire "sur l'amour sous toutes ses formes" selon lui.

Au milieu des années 1870 à St Petersbourg, Anna Karenine a une situation parfaite: mariée à un fonctionnaire respecté, avec qui elle a un fils, elle évolue dans la haute société. A l'occasion d'une visite à son frère à Moscou, elle rencontre le Comte Vronski, officier de cavalerie, qui va faire basculer sa vie. 
En tentant de résumer l'intrigue, on se rend vite compte de sa richesse et de sa diversité: une seconde partie du film est consacrée à une autre histoire d'amour plus pure (entre Levine et Kitty).

L'originalité de l'approche de Joe Wright tient à son choix de mettre en scène son Anna Karenine dans un théâtre. Les décors changent, on passe d'une scène à l'autre en soulevant un rideau ou en glissant un paravent, on entre dans les paysages naturels en ouvrant une porte... Le réel et le théâtral se mélangent en une valse qui emporte le spectateur dans un tourbillon qui peut donner le vertige.

L'avantage de cette mise en scène est qu'elle libère de la contrainte de réalisme. Elle avertit aussi: on est au théâtre, faites appel à votre imaginaire! 
L'inconvénient c'est que la forme, majestueuse et virevoltante, a tendance à prendre le pas sur le fond. La passion romantique d'Anna est étouffée par les effets de manche et l'agitation dans laquelle elle se déroule. Difficile d'être emporté dans cette histoire d'amour qui constitue pourtant le coeur de l'action.
De même, ce qui se joue en Anna est moins exploré et même si le personnage évolue dramatiquement, on ne s'y attarde que peu.

Le spectacle visuel est donc au rendez-vous. On pense parfois au Moulin Rouge  de Baz Luhrmann, pour le côté cirque, en plus sophistiqué.

Dans ce théâtre évoluent de nombreux personnages qui se complètent et se répondent. Le casting rassemblé par Joe Wright est relevé, se composant de stars ainsi que de visages déjà aperçus mais pas encore reconnus.
Rôle titre et central: Anna Karenine est interprété par Keira Knightley, qui semble être née pour porter le corset et les grandes robes d'époque. Elle est ici intense et donne beaucoup de subtilité à Anna, entre fragilité et cruauté. 
Son mari est interprété par Jude Law, vieillissant mais qui tient là un très beau rôle, cet homme contraint par ses principes mais qui se dévoile petit à petit.
Aaron Taylor-Johnson est le beau Comte Vronski et pour le reconnaître, imaginez-le avec des dread-locks (Savages).
Les séries TV en costumes ont également fourni quelques acteurs et actrices (Downton Abbey, Les Piliers de la Terre).

Tout ce beau monde est au service du style que Joe Wright a choisi de privilégier. Plus que les performance d'acteurs, cet Anna Karenine repose sur une façon de voir l'oeuvre de Tolstoï. Qu'on y adhère ou pas, on ne peut nier que le réalisateur y aura mis sa patte.

Désarmant, long, vertigineux, complexe, maîtrisé, quelques fois répétitif, romanesque, folkorique: ce film ne vous laissera pas indifférent.

La petite anecdote:
Bijoux, robes de bal et fourrures sont nombreux dans Anna Karenine. Le collier qu'Anna porte lors de la scène de bal a été prêté par Chanel, marque pour laquelle Keira Knightley avait tourné une publicité réalisée... par Joe Wright.

Infos pratiques:
Anna Karenine
sorti le 5 décembre 2012 en France 
réalisateur: Joe Wright
avec: Keira Knightley, Jude Law, Aaron Taylor-Johnson, Matthew McFadyen, Domhnall Gleeson
bande-annonce: http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19416020&cfilm=191856.html 

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